Monde en déclin : une parenthèse de lucidité

Ce soir, je suis envahi d’une vive émotion qui me submerge totalement. J’ouvre une parenthèse au milieu du nouveau chemin que j’ai choisi de parcourir.

Une auto-censure vitale

Au début de l’année, je disais que je ne voulais plus parler de ce monde. C’est dur de tenir avec les actualités. Pour mon bien-être, je me suis donné corps et âme à mes projets, en ne pensant qu’à leur succès. Pas toujours évident quand on est à cours de moyens et qu’on doit continuellement en chercher. Malgré tout, je dois dire que c’est un début d’année fulgurant pour moi, j’ai quelques personnes en or qui me soutiennent en plus de cela. Donc, je maintiens le cap quoi qu’il arrive ! Depuis que je détourne volontairement mon regard sur notre société, j’avance la tête baissée vers la réussite que j’ai décidé d’aller chercher. Comme le font la plupart des gens, je « zappe » ce qui me ralentit, je « goste » ceux qui ne s’intéressent qu’à des banalités, je dis « walou » à ceux qui ne prennent plus de mes nouvelles. En somme, je trace mon chemin avec un cœur léger pour atteindre les sommets que je me suis fixé. Au passage, je découvre un nouvel environnement social, je suis plutôt heureux de voir que mes choix me conduisent vers de nouvelles relations plus saines.

les raisons de grimper vers les sommets

Quand on veut s’élever, je pense que le mieux à faire c’est d’élargir nos horizons pour s’enrichir mentalement, philosophiquement, intellectuellement. Mais voilà, en prenant de la hauteur, il est bon de prendre du temps pour s’arrêter et admirer le paysage. Sur la corniche où j’ai réussi à grimper, je peux contempler aujourd’hui un vaste territoire. Même si je voulais continuer à détourner le regard, c’est dur de ne pas jeter un œil, de rester de marbre, de ne pas réagir. Avant toute chose, parce qu’au fond de moi, j’ai surtout envie de trouver du beau dans ce que j’observevoit. Et même s’il y a encore quelques beautés inestimables qui s’offrent à moi, à nous, je remarque aisément ces fumées noires qui s’élèvent dans mon champ de vue.

Ce que je remarque après 3 mois de course intensive, c’est que, plus je monte, plus j’ai envie de grimper vite. Au fond de moi, j’ai une énergie incommensurable pour avancer, parfois même au-delà de la fatigue. Toutefois, je sais aussi que ce n’est pas que ma volonté d’accomplir mes projets qui me pousse à suivre cette cadence. J’ai l’impression que quelque chose court derrière moi et malgré les pointes de vitesse que j’atteins chaque jour, cela me rattrape. Il y a ce destin funeste qui prend son envol et qui me rattrape. Qui nous rattrape tous.

Le meilleur des mondes

Franchement, en toute objectivité : ne sommes-nous pas dans le meilleur des mondes ? C’est extraordinaire ce qui se passe tout de même. Allons bon ! En toute subjectivité, nous vivons une époque incroyablement pourrie ! On vit au milieu de l’égo, de l’individualisme, de la paresse, de la complaisance, de la projection sur l’autre, de la zizanie politique, de la peur de l’autre et j’en passe des meilleurs sans doute. Même si tu vis pleinement ton ascension sociale ou spirituelle, tu es au milieu de toute cette énergie négative qui laisse vibrer tes recoins les plus sombres. C’est désespérant ce que nous offrent les grandes lignes des actualités. C’est comme si tu regardais un bon film et qu’en fond sonore tu avais JUL qui essaye d’aligner des mots en chantant sans auto-tune pour expliquer sa vision philosophique de la vie. Tu as beau vivre de bons moments, il y a toujours un arrière-goût. Pour les plus lumineux d’entre nous, je les vois comme le soleil au milieu du système planétaire : leur lumière se propage dans les confins obscurs de l’univers et ils se consomment petit à petit sans même un retour. Ainsi soit-il, peut-être que l’univers laisse germer des petites étoiles sur Terre, juste pour essayer de faire éclore de belles choses au milieu de toute cette merde. Juste, je me demande si cela sera suffisant…

Bon sang ! Rien qu’en 3 mois de cette année 2025, il y a eu des histoires de dingue ! Entre la guerre potentielle à cause des fous qui gouvernent, les affaires politiques qui s’enchaînent, les IA qui se déchaînent en volant l’âme des plus grands créateurs de notre monde, rien qu’avec ça, on pourrait avoir envie d’aller là-haut, au-dessus de tout, monter vers un sommet inatteignable. Tout s’agite, on vit dans une énorme cocotte minute. Tout bouillonne, on commence même à sentir le brûlé. Vous le sentez vous ? J’ai beau baisser la tête et continuer de grimper sur les pentes raides de mes rêves, je sens que l’air est lourd. Même en faisant tout pour regarder ailleurs, la merde m’éclabousse à chaque fois que je porte mon attention sur quelque chose.

Un déclin sur une vitesse de croisière

Chaque année le constat est le même. Il y a encore trop de gens endormis ou qui semblent nier ce qui se passe vraiment au cœur de nos sociétés. Pourtant, les pauvres s’appauvrissent toujours plus et les riches avancent eux aussi sur leur petite montagne dorée. Autrefois, je pensais que cela suffirait à faire bouger les plus indécis mais non. Ce qui me touche profondément c’est de voir que certains vénèrent ceux qui impactent indirectement leur vie, qui les conduisent à vivre leur misérable existence. Pourquoi défendre des gens qui méprisent ceux qui font partie de la masse ? Je m’interroge chaque jour sur cette question. J’aimerais comprendre ce qui motive certains à aduler des stars pourries qui n’ont aucun talent, des politiciens véreux qui se font choper la main dans le sac mais qui continuent à parler devant les caméras en faisant leur « calimero », ou encore des idiots qui prônent la haine alors que toute la souffrance que cela engendre va finir par les toucher. Je sais, je sais, ils n’ont pas élargi les horizons de leurs pensées…

Avec toutes ces idées noires, je me suis tellement fait du mal autrefois. Toute ma vie, j’ai écrit ou j’ai agis pour alimenter le moins possible la machinerie qui écrase notre humanité. Aujourd’hui, c’est différent, j’ai envie de croquer une part de cette vie, de vivre intensément pour mes raisons d’exister. A force de lâcher prise, on finit par construire quelque chose qui a du sens. On se dit qu’on va avancer et que peut-être, on va moins y penser à tous ces malheurs dont nous sommes témoins tous les jours. Toutefois, il y a malgré tout un sursaut de lucidité qui nous surprend quelquefois et c’est là où on devrait agir, arrêter le massacre de notre espèce, user de toutes nos émotions pour imposer un nouveau monde plus juste. Sauf que voilà, dans l’esprit de milliards de personnes, il y a sans doute la même phrase : « je ne peux rien faire pour changer les choses ». Des milliards doivent se dire cette même petite phrase dans toutes les langues que vous pouvez imaginer. Ça en fait du monde qui pense pareil en fin de compte…


Je retourne dans mon monde où j’espère encore que l’IA, les politiciens, les haineux, les racistes, les pourfendeurs des peuples, les tyrans, les criminels à col blanc ou encore les gens de bonne conscience n’arriveront pas à m’atteindre sur les sommets où j’ai choisi de m’installer. Je ferme la parenthèse.

Peinture de couverture de l’article : Voyageur au dessus d’une mer de nuages, peinture à l’huile de Caspar David Friedrich, 1817-1818, conservé à la Kunsthalle de Hambourg © Getty