(Sur)vivre dans une société malade

Une société est par définition un groupe de personnes, organisé dans le but de défendre des intérêts communs, structuré pour durer dans le temps. Bien que certaines bases ne bougent pas, une société change en fonction de ceux qui la composent. Des éléments moteurs la transforment, des événements marquants l’obligent à prendre de nouvelles directions. Elle est souvent façonnée par des modèles, des exemples, des personnes influentes. La société occidentale n’a jamais manqué de standards et aime véhiculer une forme d’art de vivre à travers les médias et la culture en général. Si normalement, c’est à la société de s’adapter aux personnes, il s’avère que les temps ont inversé les rôles. Nous vivons dans un modèle social où ce sont les personnes qui doivent se ranger comme le veulent les idées dominantes. Et quand ce modèle de société prend un chemin bien loin du bon sens, tout devient plus compliqué dans les relations humaines. Il est d’autant plus difficile de continuer à jouer le jeu social quand on se sent finalement perdant à tous les niveaux. Pire, dans une société où être idiot devient la norme, où réfléchir dérange, où être humain se résume à un standard bien loin de notre nature et des systèmes fondamentaux de la vie. Alors comment peut-on évoluer dans une société que l’on peut qualifier de “malade” ? Plus encore, comment (sur)vivre dans l’idiocratie actuelle ?


Être normal…

Du point de vue de celui qui s’intègre sans réfléchir dans une société malade, tout peut lui réussir. En effet, il se contente de suivre les règles du jeu et d’apprendre à bien les maîtriser. Comme un jeu de société, il applique les règles, même celles qui lui paraissent contre-intuitives. Sans réfléchir, il avance sans même s’en rendre compte. Il devient vite important, se fait un nom et n’a aucun mal à trouver d’autres personnes comme lui (puisque le modèle social est si puissant que la majorité s’y plie). Toute sa vie est basée sur une pléthores d’idées étriquées et indiscutables, comme une religion. Celui qui s’intègre croit en ses idées, sans les remettre en doute. De ce fait, il les répand malgré lui, à travers ses faits et gestes, ses paroles et ses choix de vie. Quiconque lui parle d’un autre monde possible est un rêveur qui n’a pas les pieds sur terre. Mais voilà, il ne sait pas vraiment qui il est, puisqu’il est “monsieur tout le monde”. Il a tout ce qui fait de lui une personne heureuse, mais il n’est pas vraiment sûr de ce qu’est le bonheur. Il est peut-être même riche mais ne connaît pas la valeur des choses. Ou pire, il n’a aucune richesse mais continue à défendre le modèle social qui en réalité le garde dans la misère intellectuelle et matérielle.

Bien évidemment, c’est plus subtil que cela pour ceux qui s’intègrent dans une société malade. Le désir d’être accepté par les autres est très important en psychologie humaine et c’est normal que l’on ait envie de rentrer dans le moule. Il est difficile d’exister seul. De plus, on a toujours besoin des autres pour survivre, pour élargir nos possibilités. Être bien entouré donne le sentiment d’avoir une belle raison de vivre. Nous pouvons y trouver un sens profond, et vivre dans l’air du temps est plutôt agréable et rassurant. Alors, même si le groupe dans lequel on se trouve nous semble mauvais, on a ce besoin de s’y faire une place. Même le fait de s’isoler est déjà une forme de prise de position par rapport à ce groupe. C’est une façon de lui dire quelque chose ou de lui montrer un désaccord. Quoi qu’il en soit, l’être humain est fait pour vivre en communauté car depuis des millénaires il a vécu ainsi afin de résister aux dangers de la nature. La solitude n’est pas qu’un simple sentiment, c’est un mécanisme biologique et psychologique qui nous pousse à aller vers les autres.

… ou ne pas être

Malgré l’énorme forme de conformisme qui s’installe dans les sociétés malades, certaines personnes ouvrent les yeux et ne peuvent plus suivre les normes. Je pense qu’on ne choisit pas vraiment d’être ou ne pas être intégré dans une société malade, on subit d’un côté comme de l’autre notre position. Dans un sens, on suit sans réfléchir et dans l’autre, certains se rendent compte qu’ils ne sont pas bien dans le monde où ils vivent. Ceux-là, sentent qu’ils perdent une part de leur humanité, qu’ils ne peuvent pas développer leurs projets, qu’ils voient trop souvent la détresse des autres, qu’ils subissent la misère matérielle, ou encore qu’ils ne voient aucune justesse dans les rouages politico-économico-socio-spirituels (en essayant d’englober toutes les strates de notre réalité). Quand on part du principe que l’on a pas sa place dans ce monde, on peut choisir d’en souffrir plus ou moins dans le silence, ou faire quelque chose pour le changer, le transformer ou l’améliorer. D’une façon ou d’une autre, on participe tous à l’histoire de notre monde, qu’on agisse pour changer les choses ou au contraire, qu’on laisse faire.

Dans une société malade, je vois bien que les gens qui souhaitent améliorer les choses ont du mal à rassembler d’autres personnes comme eux. Ils sont jugés, mis de côté et dérangent. Ils font peur à ceux qui n’ont pas eu le déclic pour se réveiller et voir les choses au-delà des discours dominants qu’ils ont intégré de grès ou de force au cours de leur existence. Sans parler d’amélioration, ceux qui veulent vivre différemment et ne pas suivre foncièrement les plans dictés par la majorité, trouvent devant eux de nombreux obstacles. Par exemple, aujourd’hui il faudrait courir constamment derrière l’argent et travailler durement pour être un exemple à suivre mais si quelqu’un prétend vouloir vivre de pas grand chose, il sera à peine considéré. Si cette même personne développe une association pour rassembler autour de ses idées appartenant, entre-autres, au minimalisme, il aura peu de soutien. Toutefois, il aura bien raison de défendre ses convictions et malgré tout, il pourrait être entendu et exister s’il développe une bonne façon de toucher les gens. On peut s’accorder l’idée tout de même que son chemin sera bien plus difficile qu’un banquier mandaté par une grande structure financière et qui va organiser des séminaires pour faire fructifier les investissements de “monsieur tout le monde” ; ou encore un youtubeur avec de nombreux abonnés qui n’a jamais rien créé d’autre que de vulgaires vidéos qui ont le don d’être pleine de légèretés, attirant un large public d’ignares et de pauvres d’esprit.

La pression sociale est telle de nos jours (à cause des discours dominants et de leur médiatisation à outrance), que “monsieur tout le monde” est vraiment terrifié de voir que d’autres se battent pour des principes qui pourraient aussi lui permettre d’avoir une vie plus agréable. En soit, je suis convaincu que la peur est si forte qu’elle l’empêche de comprendre ce qui est bon pour lui. Ce n’est pas un problème que d’aujourd’hui, cela existe depuis très longtemps : il faudrait que rien ne bouge, mieux vaut un statu quo pas terrible que l’on connaît si bien qu’une situation inconnue qui pourrait chambouler positivement les choses. Comme le disait déjà Lampedusa dans Il guepardo “il faut que tout change, pour que rien ne change”. De ce fait, vivre dans un monde malade devient non seulement acceptable mais finalement on peut s’y complaire. On peut même participer activement pour qu’il reste ainsi.

Dans les consciences populaires, nous savons tous que le monde entier court à sa perte à cause de notre modèle socio-économique. La pollution, la surconsommation ou encore la destruction de l’écosystème sont des faits qui mettent à mal un principe fondamental pour une société, à savoir sa stabilité dans le temps. Mais là encore, on pourrait vivre sans y penser, en fermant les yeux, en regardant les ombres sur les murs plutôt que la lumière qui les forme. Puisque l’état désastreux du monde est devenu un décor de fond, ça ne préoccupe plus “monsieur tout le monde”. Certains se pensent même à l’abri, ne savent même pas ce que c’est que l’effondrement d’une société et d’une civilisation. Sans doute à cause d’un ego surdimensionné, on se croit au-dessus de tout. Pourtant, il y a des urgences dans tous les domaines et la société continue avec les mêmes règles et le même type de fonctionnement. Les élites qui ont le pouvoir de changer vraiment les choses n’ont pas l’ambition d’améliorer la situation, sinon, ce serait la dolce vita pour tous depuis longtemps. 

En somme, on peut tout simplement voir qu’il est difficile de se faire une place quand on veut vivre en harmonie avec sa nature profonde, en phase avec notre humanité, en connexion avec la nature. Le problème majeur que je vois régulièrement, c’est que l’on peine à avoir de la place, dans un monde aussi vaste. D’autant plus que vouloir vivre en marge de la société est quasiment impossible : il y a des lois et bien trop peu d’endroits où l’on peut agir librement sans contraintes. Et même quand on pense se sentir libre, il y a des choses que l’on ne peut pas dire, il y a des endroits où l’on ne peut pas aller, il y a des projets que l’on va peiner à développer, il y a des vies qui valent plus que d’autres…

Exister dans une société malade

Il est tellement compliqué d’exister dans la société occidentale d’aujourd’hui, qu’on se demande à quoi bon vouloir y adhérer. A la fois, elle nous rejette et en même temps, elle exige que l’on fasse des efforts pour elle. Il faut se choisir un rôle et devenir hyper performant pour sortir du lot. Quand tu réfléchis, tu réfléchis trop, tu ennuies, tu déranges. Tu crées, tu dois t’adapter aux lois du marché. Tu es né dans une famille sans un sous, tu seras moins écouté qu’un enfant de l’élite. On te rejette encore et après on te dit que tu es antisocial. On te donne une étiquette et tu aurais tort de sortir de ses frontières.

Le pire est la spirale sans fond dans laquelle tu entres quand tu travailles. Même quand tu t’adaptes et que tu t’intègres, tu t’enfonces dans une routine morbide qui te vole le temps, celui dont tu aimerais garder pour faire ce que tu aimes vraiment. De cette façon, tu creuses un fossé entre celui que tu es vraiment et celui que tu es en train de devenir. Même quand tu as un projet, tu deviens comme prisonnier de celui-ci. Tes ambitions t’emmènent loin et même là, ta réussite t’emmène plus loin encore de celui que tu es vraiment. Beaucoup de grands artistes se sont retrouvés seuls alors que leur succès était phénoménal et la plupart se sont perdus quand ils ont connu la richesse. On court pour devenir quelqu’un, mais ce quelqu’un, ce n’est pas celui que l’on est en réalité. 

Dans le processus de l’entreprenariat, on a tendance à prendre ce que l’on peut obtenir, donc, on se plie aux règles d’un cadre afin de passer les étapes, on s’abaisse parfois au niveau d’un groupe dans le but d’exister, se faire connaître ou encore démarrer. Chercher des investisseurs demande que l’on parle leur langage, qu’on les comprenne, qu’on les touche. Et comment toucher des gens qui ont de l’argent à la place du cœur ? Il faut laisser de côté les émotions, la philosophie, parfois même la morale pour obtenir des putains de chiffres sur une page numérique de son ordinateur. Ensuite, quand on est prêt à vendre, il va falloir pénétrer le marché. D’une certaine façon, il y a un côté violeur dans l’économie, il faut “niquer” le marché, lui rentrer dedans, le défoncer pour jouir et se délecter d’une part du gâteau. Cela veut dire d’une certaine façon qu’il faut y aller, qu’il faut péter la rondelle de sa zone de chalandise pour enfanter des profits et rentabiliser son affaire.

En soit, je reviens souvent sur les propos que j’ai échangés avec certains de mes camarades scientifiques, professeurs ou encore artistes : si le cadre n’est pas sain, ce qui est dedans sera mauvais. De ce fait, il ne faut pas s’étonner si réussir de nos jours nous éloigne en réalité de notre nature profonde en tant qu’être humain et de notre nature, commune à tout être vivant. Réussir, mais pour faire quoi ? Rentrer dans un cercle de personnes égocentriques qui ne savent plus raisonner sans cœur ? Pour mettre de côté son humanité et faire du profit malgré les lois de l’univers et de notre planète ? Être que le fruit d’un arbre pourri qui s’enracine encore plus profondément dans la terre au lieu de s’élever pour capter davantage la lumière du soleil ? Réussir pour dire aux autres “j’ai réussi” ? Devenir “monsieur tout le monde” et oublier ce qui fait de nous un être imparfait qui a mille raisons d’être parfaitement ce qu’il est ? Jiddu Krishnamurti disait que “ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade”.

Se laisser mouler ou résister

La question est simple : faut-il vraiment vivre dans son temps ? Si notre temps est compté et que la vie sur Terre est si précieuse, pourquoi alors la gâcher à vivre dans cette misère politico-économico-socio-spirituelle que nous impose qu’une poignée d’individus ? Il suffit juste de se poser les bonnes questions et on peut retrouver l’équilibre. Bien évidemment, les pauvres d’esprit nous rappellent sans cesse que l’on réfléchit trop, donc, on en déduit assez rapidement qu’ils ne se posent jamais de question. Plein de certitudes, sans recul ni réflexions, ils te diront sans l’ombre d’une hésitation que tu réfléchis trop ! Sans même comprendre ce que cela implique, sans même savoir qu’ils vivent dans un malheur bien réfléchi. Car oui, le moule qui s’impose dans une société malade n’est pas anodin, il est le fruit d’une politique bien ficelée, d’une ingénierie sociale bien huilée. Aujourd’hui réfléchir est le plus grand acte de résistance face à l’idiocratie que l’on a créé dans le but de contrôler les masses.

Si les élites, les amoureux du pouvoir comme j’aime les appeler, ont sans doute le pouvoir de tout changer, c’est en refusant les éléments qui rendent la société malade que l’on peut influencer le cours des choses. On peut apporter un peu de lumière dans les ombres de ce monde, je dois même dire que l’on se doit de le faire pour espérer garder le peu que l’on nous accorde encore. Car on perd chaque année un peu plus de nos libertés, chaque année, les desseins des amoureux du pouvoir se matérialisent. Maintenant, reste à chacun de trouver ce qui pourrait guérir la société, et définir aussi ce qui la rend malade.

Pour ma part, je pense avoir trouvé quelques éléments qui ont rendu notre société malade. Les gens en général ont perdu la foi en toute chose parce qu’on a tout fait pour qu’ils ne croient plus en rien. Hannah Arendt disait “Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez.” Selon moi, la citation de cette noble femme résume parfaitement l’état de notre monde. En outre, je dirai qu’on a abrutis les gens avec les médias. On les a désolidarisé pour donner plus de force à une société individualiste, loin du bon sens que nous avions dans l’esprit communautaire de nos villes et de nos villages. On les a façonné pour qu’ils ne puissent plus réfléchir par eux-même, pour qu’ils aient peur du changement. On les a rendu malade, et on a fait en sorte que ça soit la norme. Je ne parle même pas de tout ce qui s’écroule, de la malbouffe, des services publics qui s’effondrent, des jeunes qui développent des troubles psychologiques à cause de la surstimulation permanente des écrans ou du reste… 

Survivre parmi les cons

Sans retenue, je ne cache pas ma colère et ma stupéfaction chaque jour quand je vois comment il est difficile de vivre au quotidien dans une société malade. On peine à se comprendre. On a du mal à se faire une place honnête. On doit lutter sans cesse pour tenir chaque mois. On doit supporter les élites qui sont totalement déphasées de la réalité. On doit, on doit, on doit. Mais on peut avec contraintes, on peut avec des moyens inconsidérables, on peut mais pas trop. Bientôt on ne pourra plus, même se nourrir, même se loger, même vivre. Tout s’effondre dans cette société et beaucoup préfèrent fuir cette réalité que d’agir pour éviter le pire. En attendant, on laisse s’épanouir le modèle de l’idiot, eux savent se rassembler, eux continuent de prospérer. En attendant, “il y a des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien” comme disait le roi des cons Emmanuel Macron (je ne vais pas m’auto-censurer, bien que la liberté de penser n’existe plus et que je m’expose à des sanctions de notre Etat totalitaire). Les cons ne sont pas rien, puisqu’ils sont cons.

Vouloir aller à contre-courant (entendez bien d’appuyer sur la syllabe “con”) d’une société malade, encore une fois, ce n’est ni plus ni moins qu’un signe de résistance. Et encore que, ce n’est pas forcément combattre ce qui fait d’elle ce qu’elle est, ses institutions ou ses détracteurs qui font de nous des résistants, mais plutôt de vivre selon nos principes et notre bonne conscience qui met à mal la folie générale. Je sais, c’est tentant d’abandonner quand on voit les difficultés qu’engendrent certaines interactions sociales. C’est dur d’évoluer au milieu d’un monde d’abrutis, de tous ces gens qui vivent dans le Rêve du monde sans prendre le temps de se demander ce qu’ils font là. Ce qui est encore plus désolant, c’est de les voir défendre des idées qui font du tort à tout le monde et surtout à eux-mêmes. Ces fous étouffent la raison et comme ils sont nombreux, cela devient une réalité pesante pour tous ceux qui résistent.

Plus on avance dans l’âge, plus on est censé gagner en sagesse. C’est là où j’aimerais terminer mon exposé sur notre société malade. J’ai envie de croire que j’ai acquis une forme de sagesse à travers mes expériences, de plus, j’ai toujours voulu développer mon intellect, cultiver les énergies qui m’entourent et chercher avec raison (et parfois avec un brin de folie) du sens dans ce que je fais. Avec une hyperactivité cérébrale, je n’ai pas eu trop le choix : je réfléchis tout le temps. Ainsi, j’ai été amené de façon naturelle à la philosophie, aux voyages spirituels, à l’émerveillement, à la contemplation du “beau” et du “vrai”, aux introspections régulières et donc à la volonté de faire prospérer mon esprit critique. Alors oui, je me sens totalement en décalage avec “monsieur tout le monde”. Cela m’amène à dire que je ne peux plus revenir en arrière. Plus je vieillis et plus je me sens loin de tout, loin des autres. Je suis véritablement hors du monde et je ne vois pas comment m’y insérer sans perdre une part de moi. 

Ma position en tant qu’artiste, loin d’être inséré dans les clous du modèle social, me permet d’avoir du recul sur notre monde. J’observe énormément ce qui m’entoure. Au-delà de mes propres paradigmes, j’essaye toujours de voir le bon dans tout. Toutefois, je peux dire aujourd’hui que notre société est arrivée à un stade de tumeur avancée. Plus rien n’a de sens. Voyez simplement comment sont gérés les hôpitaux, combien coûte la nourriture, ce qui fonctionne et rapporte dans l’art, l’état actuel de l’éducation nationale en France…  Je ne suis pas sûr qu’il soit possible de sauver notre modèle social. Même avec une thérapie, des médicaments ou encore de la naturopathie, elle va mourir. C’est indéniable. Et heureusement parce qu’elle ne va pas simplement emporter avec elle notre humanité, mais elle va détruire aussi notre planète et tout le monde du vivant.

L’idiocratie ne marchera qu’un temps car si le phénomène tend à créer toujours plus de cons, de façon exponentielle, nous arriverons donc à l’auto-destruction, en passant par le retour des régimes totalitaires avec des autodafés ou encore l’instauration d’un dégoût pour tout ce qui est naturel, raisonnables ou tout simplement vivant ; nous arriverons au passage à un point où l’intelligence artificielle mettra fin à l’intelligence naturelle ; nous atteindrons le point de non retour où chaque individu sera tellement égocentrique que l’on ne pourra plus rien créer ensemble. Si nous ne pouvons plus avancer, construire ou même vivre ensemble, alors même un con peut entendre qu’on ne peut plus vivre en société.


Chaque année, je constate avec effroi que notre époque devient de plus en plus sombre. Entre les élites qui ne cachent plus leurs épouvantables motivations et les gens qui n’ont plus honte de paraître idiots, nous sommes clairement en train de subir les méandres d’un paradis façonné par les détracteurs de ce monde. Mais quelle misère ! Quelle saloperie cette idiocratie ! C’est devenu invivable, insoutenable et tellement oppressant que l’on est aussi en droit de se demander s’il reste encore de l’espoir. Bien sûr qu’il faut continuer d’espérer, sinon, nous donnerions encore raison à ceux qui détruisent, consciemment ou inconsciemment, le bien-être des créatures de cette planète. Cependant, c’est dur, si dur que je m’en remets souvent aux lois de l’univers pour trouver l’énergie de continuer à rêver, à nourrir mon intellect, à répandre un peu de lumière et à sourire encore à la vie. Quoi qu’il en soit, mon plus grand espoir est de voir s’effondrer notre modèle social qui pourrit littéralement notre existence. Je rêve d’un monde où l’on peut s’épanouir sans difficulté, en cultivant notre curiosité, en continuant d’explorer les mystères de notre monde, en rigolant comme des idiots sans fuir la réalité, à créer sur de bases plus positives. Embrasser simplement l’instant présent sans se demander s’il y a un avenir. Avoir un avenir, seulement, en avoir un au-delà de cette société malade. Et enfin, je rêve que cette société crève pour laisser jaillir un havre de paix, qu’on rétablisse l’équilibre. Je voudrais qu’un rêveur puisse rêver et faire rêver ; qu’un intellect puisse continuer à étudier et améliorer nos vies ; qu’un philosophe puisse avoir un rôle majeur pour éclairer notre esprit ; qu’un poète nous inspire et nous rappelle parfois qu’il est bon de nous émerveiller ; qu’un humain puisse vivre en harmonie avec sa nature profonde ; ou encore, qu’un idiot ait honte de l’être mais que le monde dans lequel il vit lui permette d’élever sa conscience ou alors d’exister sans être instrumentalisé.